Le centre, le hara, le tantien
Trouver le hara
Le hara se situe au centre du ventre, entre nombril et pubis, à la hauteur de la charnière sacro-lombaire. Sa présence peut être ressentie de façon très concrète, réelle, tangible, comme si, à cet endroit, se trouvait une boule de pétanque. Il devrait servir de point d'appui à toutes les postures de yoga.
Le point de repère avant du hara est le point de convergence du tonus musculaire abdominal. Plus ce point est précis et solide, plus on peut avec précision et puissance accéder au hara, où l'énergie se concentre. Le hara cesse alors d'être un concept pour devenir une présence physique tangible. Comme le montre la figure, le coccyx rentre, et le hara sert de point d'appui pour permettre à la colonne vertébrale de se redresser naturellement.
Pouvoir littéralement prendre en main le hara demande à la musculature du ventre, du plancher pelvien et des fesses, à la fois tonus et souplesse : un ventre tombant vers l'extérieur, des fesses et un plancher pelvien relâchés laissent s'échapper, se volatiliser toute la force vitale. Le hara se dissout, le dos, n'étant plus soutenu, se creuse, les vertèbres s'écrasent ce qui entraîne des problèmes au niveau des lombaires, des sacro-iliaques etc. À l'opposé, un abdomen en béton permet d'accumuler une grande force, mais en bloque en même temps l'usage.
Le hara et le souffle
C'est sur le hara que s'appuie le souffle pour monter comme une colonne d'air sous pression, venir ouvrir les clavicules, se frayer un passage à travers les muscles et les os des bras pour les étirer lorsque les bras sont levés. L'usage volontaire de la force musculaire pour tirer, pousser, n'est plus nécessaire et devient même une entrave : plus on peut s'en défaire, plus le souffle peut prendre sa place : l'ouverture qui s'ensuit se fait alors toute seule.
C'est aussi grâce à l'appui sur le hara que le souffle descendra dans les jambes — à condition qu'elles ne soient pas crispées — jusqu'à traverser la plante des pieds et nous enraciner au sol.
Respirer dans le hara, ce n'est pas respirer dans tout le ventre, mais seulement sous le nombril. Le haut du ventre, la région de l'estomac doivent être maintenus vers l'intérieur : cette zone est destinée à s'effacer au fur et à mesure que l'on progresse sur la voie. Au contraire, la zone située sous le nombril représente ce que M. Durckheim appelle « Être essentiel » : plus l'ego diminue, plus l'Être essentiel prend sa place véritable et réciproquement...
Application aux postures de yoga : Souffle et respiration
Pour moi, souffle et respiration sont distincts : le souffle est la force qui sous-tend la respiration et qui la porte, comme elle porte les battements du cœur et toutes les activités physiologiques. Mais à la différence des autres activités physiologiques, la respiration nous offre une prise, un contact avec cette force sous-jacente. Au départ, j'utilise donc la respiration pour guider cette force dans les bras, les jambes, les clavicules etc. ensuite, lorsque je peux laisser tomber tout effort respiratoire, c'est le souffle qui va ouvrir les différentes zones du corps et y porter la respiration.
L'origine de cette force est dans le hara : c'est là que le souffle prend sa source. L'expiration permet de s'en rendre compte. On sent le mouvement des côtes, du diaphragme, du ventre. On laisse ce mouvement se poursuivre même lorsqu'il ne sort plus d'air. On s'aperçoit alors que les muscles du ventre et le plancher pelvien se resserrent comme pour comprimer le hara. Il ne s'agit pas d'expirer à fond, mais plutôt de laisser s'installer une apnée qui n'est ni contrainte ni forcée, qui n'est pas non plus une immobilité mais un mouvement subtil, imperceptible de l'extérieur, qui rassemble le souffle, la force vitale, dans le hara.
Voici quelques exemples de postures pour lesquelles vous pourrez appliquer ce qui précède.
Le travail sur l'énergie passe par une conscience précise du corps
Tout travail sur l'énergie doit s'appuyer sur une conscience et un contrôle précis du corps physique, sinon, comme l'apprenti sorcier, on court le risque d'être submergé par les forces que l'on a mises en branle. En apprenant à contrôler les muscles du corps, on s'entraîne à utiliser l'énergie au lieu d'être utilisée par elle..,
Ne perdons pas de vue non plus que le but de tout ce travail, c'est de nous amener à accepter l'intégralité de notre être : corps, cœur, âme, esprit, sexualité etc. Sans cette acceptation de toutes les parts de soi, il n'y a pas de progrès possible !